Voilà une plante dont je voulais te parler depuis un bout de temps. Au Cameroun, je l’ai rencontrée tant de fois qu’il me tardait de t’en parler. Que tu sois mbenguiste ou résidant en Afrique, enregistre cette plante dans ton herbier, dans ton cahier, dans ton Carnet, bref où tu veux mais c’est une plante à connaître absolument. Elle pourrait t’être fort utile si tu venais à choper les amibes et que le Metranidazole qu’on t’a alors prescrit, montre ses limites.

Maman m’avait vanté ses vertus médicinales, et en faisant des recherches approfondies sur cette plante, j’ai alors découvert que c’était un véritable petit trésor de la pharmacopée. J’ai réalisé que cette petite adventice qui pousse jusque devant ta porte, que tu as peut-être foulé maintes fois sans le savoir, était une grande médicinale aux vertus diverses et variées.

 

Euphorbia hirta, Côte d’Ivoire

D’ailleurs, elle est tellement polyvalente qu’elle est énormément utilisée en médecine traditionnelle (et pas qu’en Afrique!). Il n’ya qu’à voir le nombre de noms qu’elle porte (plus d’une centaine!) pour se rendre compte à quel point elle est populaire.

Noms vernaculaires: Herbe à asthme, Malnommée, Cat’s hair, Asthma weed

Noms en Afrique: Mbal en Wolof, Dada Dablé en Bambara, Mwache en Swahili…

Portrait de la plante:

Petite herbe qui peut faire jusqu’à 40 cm de hauteur, à la tige pubescente (poilue). n la rencontre dans toute l’Afrique, ainsi que dans les régions tropicales du globe.

 

Elle appartient à la famille botanique des Euphorbiacées, la même famille que le Manioc 🙂 D’ailleurs, comme le manioc elle contient du latex dans sa tige, une caractéristique propre à cette famille.

 

Propriétés médicinales: 

 

C’est la plante par excellence pour soigner l’asthme, d’où son surnom d’herbe à asthme. Elle est aussi réputée pour soigner la toux, les bronchites chroniques et autres affections pulmonaires, parfois en synergie avec d’autres plantes médicinales.

Un Antiamibien confirmé:

L’une de ses propriétés les plus connues: son efficacité sur les dysenteries amibiennes. Pour cela, la plante est utilisée dans toute l’Afrique où de nombreux pays ont d’ailleurs crée des spécialités et remèdes antidysentériques, antiamibiens à base d’Euphorbia hirta.

De nombreuses études ont été menées dans différents pays dont un en 1964: Une étude clinique effectuée sur 43 malades a montré l’efficacité de la plante pour éradiquer une épidémie de dysenterie amibienne.

 

 

Mode d’emploi comme antidiarrhéique, antiamibien et comme antiasthmatique, selon Jean Louis Pousset:

Boire 3 jours de suite une décoction de 100 grammes de plantes dans 1 litre d’eau pour faire disparaître une dysenterie amibienne.

L’auteur ne précise pas toutefois si ce sont les feuilles fraîches ou séchées qui sont utilisées. À l’Hôpital de Conakry, 200 à 300 grs/ jour de plante fraîche en décoction sont un traitement efficace de la dysenterie amibienne. Chez L’ONG Médecins aux pieds nus, la posologie est de 7 grammes en décoction, macération d’une nuit, et boire 6 jours de suite.

La plupart du temps, la posologie recommandée dans les ouvrages spécialisées et sites de références est de 15 à 30 grammes de plante fraîche ou sèche pour 1 litre d’eau.

En cas de dysenterie amibienne aigüe ou sévère, il est recommandé d’associer à Euphorbia hirta, des feuilles de Papayer ou de Manguier et/ou de Goyavier, sollicitées elles aussi très souvent en cas d’amibiase.

 

Autres propriétés répandues:

À Euphorbia hirta, on lui prête bien d’autres propriétés: Déparasitant, Antidiarrhéique, vermifuge, analgésique, antispasmodique, dans le traitement des infections urinaires, de la jaunisse, de l’hypertension, de l’anémie et du paludisme, comme aphrodisiaque, comme insecticide…

Une plante de la femme: 

Le Mbal est utilisé dans diverses régions du monde pour stimuler la lactation. Pourrait-on voir ici une théorie des signatures, quand on sait que la tige de la plante laisse couler un latex tout blanc qui ferait penser au lait maternel? Quoiqu’il en soit, elle est utilisée traditionnellement depuis toujours comme galactogène chez les femmes et certains animaux (Une infusion de la plante est donnée aux chèvres et aux moutons en Afrique de l’Est), ainsi que pour stimuler le developpement des seins chez les jeunes filles. on observe cette utilisation chez les jeunes femmes de Balaka au Malawi (Hargreaves, 1979), mais aussi au Ghana, au Togo et au Nigéria. La plante administrée sous forme de poudre produirait une augmentation du developpement des glandes mammaires chez les filles avant la puberté. Si on lui ajoute la poudre de Sersalisia djalonensis, les effets sont décuplés (Blanc et Al. 1964)

On lui connaît d’autres propriétés liées à la féminité: En Ouganda par exemple, les femmes mastiquent des plantes entières pour déclencher le travail d’accouchement. Ailleurs, c’est son pouvoir analgésique qui est sollicité, la plante est utilisée alors pour soulager les douleurs pendant la grossesse.

 

Une plante de la peau: 

Parmi les usages ethnobotaniques relevés, il n’est pas rare de voir que la plante est parfois utilisée pour le traitement de certaines affections cutanées. La plante est réputée pour son utilisation sur les verrues.

Chez les Toucouleurs au Sénégal, le latex est utilisé en externe comme antiseptique sur les plaies. Ailleurs, la partie aérienne de la plante est utilisée pour soigner les furoncles, la gale, la teigne, les infections fongiques de la peau.

Par ailleurs, sa richesse en flavonoïdes antioxydants donne des idées pour une utilisation future dans les soins . pour une belle peau… 

Une plante reconnue pour ses propriétés médicinales:

– Euphorbia hirta est inscrite dans la pharmacopée africaine par l’OUA (1985)

– Elle fait partie du Formulaire thérapeutique national des médicaments du Mali sous le nom de « Dysenteral »

– Des préparations pour le traitement de la dysenterie seraient disponibles en France sous le nom « Socambe » (Sofowora)/ Toutefois, je n’ai pas trouvé nulle trace de ce médicament même en fouillant longuement sur Internet.

– Reconnue en homeopathie dans le traitement de la dysenterie et des affections respiratoires.

Mise en garde et précautions

– Ne jamais récolter Euphorbia hirta dans une zone polluée et très fréquentée par les Hommes. Sa présence jusque dans les milieux urbains peut encourager à la récolter n’importe où. N’hésites pas à la faire pousser à la maison, la plante fournit les graines par milliers et a un taux de germination très élevé (jusqu’à 92%)

– Au moment de récolter, il est important de ne prélever que la partie aérienne de la plante, en laissant la racine en terre.

– Ne pas hésiter à demander conseil aux spécialistes de plantes médicinales, avant toute prise de Euphorbia hirta en interne.

Les informations données dans cet article ne doivent en aucun cas se substituer à une consultation médicale. Elles sont le condensé d’informations synthétiques recueillies dans les ouvrages spécialisés en Phytothérapie africaine et des sites de référence. 

Bibliographie:

Plantes médicinales d’Afrique, comment les reconnaître et les utiliser, Jean Louis Pousset 

Plantes médicinales et médecine traditionnelle d’Afrique, Abayomi Sofowora 

Lavierebelle.org