Un jour, une personne m’a dit:

« Soit ils t’acceptent comme tu es sans aucune garantie, soit ils te laissent comme tu es sans aucune contrepartie ».

Cette personne, c’est quelqu’un que j’apprécie énormément, que j’appelle bien souvent « Mon alchimiste », (en référence tu t’en doutes à l’Alchimiste de Paulo Coelho) en raison de sa grande sagesse, de ses mots toujours justes et ses avis éclairés et presque toujours objectifs. Il répondait alors à une question que je lui avais posée quelques minutes plus tôt:

Est-ce réellement un problème d’être quelqu’un d’instable? J’entends par là une personne incapable d’avoir une vie rangée, posée, bosser en CDI, me résoudre à faire un seul travail jusqu’à la fin ma vie… Je n’ai pas ma place dans cette société, je n’entre dans aucune case… Oh mon alchimiste, je dépéris 🙁

Je ressentais une sorte de mal-être que je ne pouvais définir. Je me sentais surtout anormale, incomprise, pas à ma place dans ce monde où la crédibilité ne s’acquiert qu’avec un statut d’expert. J’avais alors le sentiment que je n’entrais dans aucune case, et ça parfois je le vivais assez mal. 

Il me répondit alors:

« Je peux déjà te dire que tu n’es pas quelqu’un d’instable. Même le fait d’être anti-conformiste ne saurait faire de toi quelqu’un d’instable »

J’ajoutai:

– Comment faire pour entrer dans le moule? Faut-il seulement essayer?

Il me dit:

– Il ne s’agit pas de comment faire ou/et encore moins d’essayer… Il s’agit seulement de Toi et de ton ressenti. Cela te déplait-il autant d’être comme tu es, telle que tu es? »

– Non, absolument pas. C’est juste que… 

– Alors… Deviens ce que tu es! 

Quant aux autres, soient ils t’acceptent comme tu es sans aucune garantie, soient ils te laissent telle que tu es, sans aucune contrepartie. 

Sa réponse résonna fort en moi. Cela devenait si évident tout à coup… C’est vrai, pourquoi lutter? Pourquoi essayer de rentrer dans le moule quand ta place n’y es pas? Je me disais alors: Christelle, tu dois rester exactement telle que tu es. N’essaye pas d’être quelqu’un d’autre. Sois toi-même. C’est tout!

La synchronicité aidant, je reçus de la part d’une amie un Tedx d’Émilie Wapnick sur la multipotentialité (Hemie si tu me lis, encore Merciiii!). Et là ce fut la révélation!

Ce fut surtout le point de départ. Pour la première fois de ma vie, j’ai pu mettre les mots sur ce « problème » qui finalement n’en a jamais été un. C’est à ce moment là que je me rends compte que non seulement je ne suis pas la seule mais en plus nous étions des centaines voire même des milliers à travers le monde! Si tu te demandes ce que c’est que la multipotentialité, je t’invite à regarder cette vidéo ou encore de lire cet article de Manon du blog Ambitions plurielles. Si tu t’es déjà découverte multipotentielle, tu comprends alors mieux mon mal-être de l’époque, puisque tu fais sans doute partie de ces milliers de personnes qui ont pleuré de soulagement et de trop plein d’émotions en découvrant que tu étais tout sauf anormale.

Je parle de multipotentialité mais cela est aussi valable pour tout autre aspect de ta personnalité que tu as pendant longtemps rejeté, que tu n’as pas assumé, ou cette chose qui te donne l’impression que tu n’es pas à ta place, que tu es trop différente. Avant tout, ce dont je souhaite parler dans cet article, c’est de l’intérêt pour nous de nous accepter telles que nous sommes, et de s’inspirer d’une plante pour cela: La Jacinthe d’eau.

J’aime profondément les plantes en général, elles sont d’une telle source d’enseignement, et d’inspiration! Ce qu’elles nous apprennent quasiment toutes, c’est qu’elles vivent leur propre nature, en étant elles, sans se poser trop de questions. Elles remplissent leur mission, avec toutes les qualités qu’elles peuvent posséder mais aussi avec tous leurs « défauts » qu’on vient parfois à détester.

La plante dont on pourrait s’inspirer aujourd’hui est une plante d’une beauté « envahissante ». Une plante aquatique invasive originaire d’Asie: Eichhornia crassipes de la famille des Pontederiacées. On l’appelle la Jacinthe d’eau. Elle fait partie des 100 espèces exotiques les plus nuisibles au monde 🙂 Avec le Tulipier du Gabon (que j’évoquerai dans un autre article pour ses propriétés médicinales).

 

Eicchornia crassipes: Portrait d’une plante de caractère

 

Jacinthe d’eau, Eicchornia crassipes

 

Figure toi  que Eicchornia crassipes (J’aime bien appeler les plantes par leur nom latin :), sais pas pourquoi… peut-être parce que ça sort de l’ordinaire, c’est tellement plus joli hi hi hi) est une plante assez particulière: elle peut pousser jusqu’à trois à cinq mètres par jour. Impressionnant, non? Tu te doutes bien qu’à cette allure, elle doit vraiment prendre beaucoup beaucoup beaucoup de place. Et c’est le cas! La plante aurait colonisé les fleuves d’Afrique, le Nil, le Congo et les lacs Victoria et Tangayika. Les premiers européens partis conquérir les nouveaux mondes l’ignoraient sans doute. Se laissant charmer par ses belles fleurs bleues violacées, ils ont vite fait de l’introduire en Europe, avant de se rendre compte qu’ils ne pourraient plus s’en débarrasser. Aujourd’hui on retrouve la Jacinthe d’eau jusqu’en Russie et même en Australie, c’est pour te dire!

Comme elle était devenue bien trop envahissante, on a tout tenté pour essayer de l’éradiquer, sans succès. La plante résiste même au broyage: chaque fragment de la plante broyée redonne une nouvelle plante par reproduction clonale.

Quand nous autres humains, avions compris que la Jacinthe d’eau était « ir-éradiquable » (oui je sais ça ne se dit pas mais tu m’as comprise ), nous avons alors changé de stratégie. C’est à ce moment là qu’on s’est dit, il serait peut-être plus judicieux de l’utiliser désormais plutôt que d’essayer de la combattre coûte que coûte.

C’est depuis ce temps qu’on utilise la Jacinthe d’eau pour:

  • Fabriquer des boulettes déshydratées qui servent à nourrir le bétail. Il paraît que les cochons par exemple en raffolent!
  • Purifier les eaux polluées
  • Confectionner des meubles
  • En Asie (Birmanie, Thaïlande, Vietnam) où la plante est utilisée en artisanat (Cordelettes tressées autour d’une armature en bambou), on a pu observer un net ralentissement de l’invasion de la plante.

 

Alors, où je veux en venir?

 

1- Assumer qui on est et s’accepter:

On te reproche d’être ce que tu es… Multipotentielle? Trop fleur bleue? Hypersensible?…. (ou autre chose encore)?

Tant que tu ne blesses personne en étant qui tu es, alors ne change rien. Il faut s’accepter. Point. 

Reprenons le cas de la Jacinthe d’eau:

Nous les humains la perçevons comme une « peste », invasive parce qu’elle aurait un défaut: celui de prendre trop de place. Et nous avons mis tout en oeuvre pour l’éradiquer, seulement voilà on ne peut pas lutter contre l’état naturel des choses. Tout comme Toi, Moi, ne devrions lutter contre notre nature véritable.

Alors, ne laisse donc pas les autres définir que ce trait de ta personnalité est un défaut. Au contraire, plus on te le reprochera, plus tu devras l’exprimer. Oui! Parce que être « instable » ou multipotentielle ou fleur bleue, ou hypersensible ou autre chose encore fait partie intégrante de toi, et sérieusement cela ne sert à rien de lutter contre ça. Chassez le naturel, bien sûr il revient au galop, et certainement pas au trot! 

Alors, comme la Jacinthe d’eau, on se sent fière d’exister, on s’assume et on s’accepte, exactement telle l’on est

Je ne suis pas a-normale

J’arrête de me battre contre moi

Je m’accepte comme je suis

2- Voir le positif en son « défaut »

En quoi mon défaut peut être un atout?  Si ce truc est en moi, c’est bien pour une raison, c’est peut-être un outil qui me servirait à contribuer au monde, un indispensable outil pour faire ma part, pour accomplir ma mission de vie, etc. Ne nous voilons pas la face, il sera difficile de réaliser cette mission en n’étant pas pleinement soi.

Pour la Jacinthe d’eau, l’Homme a cherché en quoi son « défaut » pourrait être utile et il a bien fini par trouver. Comme quoi, il suffit parfois de changer de perception pour voir les choses sous un autre angle. Figure toi que les autres, les autres ils finiront bien par voir le tien aussi. Et ils ne le verront que lorsque tu te seras acceptée, lorsque tu en auras fait une force, lorsque tu assumeras cette part de toi, lorsque tu dégageras une autre énergie, que celle que tu leur renvoyais auparavant.

Transformer son « défaut » en atout!

Si tu es multipotentielle, c’est même ce que tu dois apprendre à faire. Contribuer au monde en étant toi, pas en devenant ce que les autres aimeraient que tu deviennes. Tu peux apporter de la valeur, beaucoup de valeur avec ce qui « cloche » chez toi.

Mais au final c’est nous sommes bien les seuls à percevoir cette multipotentialité, hypersensibilité, (ou un autre trait de ta personnalité…) comme un problème. Cette part de toi au final n’est imperfection qu’aux yeux de nous autres humains qui aimont bien mettre les choses, les gens dans des cases, des cadres dont il ne faut surtout pas dépasser. Nous qui pensons que les choses devraient être comme ceci plutôt que comme cela…

Mais nous oublions parfois que si « cette chose » ou « ce quelqu’un » n’existait pas, ses qualités qu’on ne veut pas voir ou disons plutôt: son « défaut » viendrait à manquer à cette planète. Nous oublions bien des fois que nous avons tous notre place dans ce monde

D’ailleurs mon alchimiste me dit ce jour-là:

« Parce qu’il faut un peu de tout pour faire un monde, chacun a sa place en ce monde. Tu y es à ta juste place. »

À mon tour, j’ai envie de le dire, le crier à toi qui t’es déjà sentie frustrée de n’être ou de ne pas faire comme tout le monde. À toi à qui on reproche d’être trop comme ceci, pas assez comme cela…

 

Aime toi pour ce que tu es.

 

Être toi suffit, parfois il faut vivre moult situations traumatisantes et frustrantes pour le comprendre. Parfois, cela peut prendre des années à s’accepter, à s’affirmer. Et si j’étais un peu comme ceci, si j’étais un peu plus comme cela, les autres m’accepteraient peut-être un peu plus. Pour combien de temps?

Nous devons nous aimer pour ce qu’on est véritablement. Aime toi pour ce que tu es. Si c’est de ta multipotentialité dont il est question, assume-là!

Si c’est un autre aspect de ta personnalité, c’est pareil, assume-le. Plus tu seras toi-même, plus tu seras heureuse, et cela impactera tous les autres aspects de ta vie.

Parce qu’on n’est pas parfait, et que, bien des fois encore on se laissera aller à penser que, parce qu’on est différent on devrait s’effacer.. Il sera alors important de se souvenir de la Jacinthe d’eau et de réciter cette affirmation:

 » Je m’aime pour ce que je suis. Je suis à ma juste place dans ce monde, exactement telle que je suis.

Je m’aime pour ce que je suis comme un beau plant de Jacinthe d’eau qui, avec ces magnifiques fleurs bleues et malgré son insupportable « défaut » a su trouver sa place et conquérir le monde ! »

Pour ma part, les choses ont changé pour moi quand j’ai assumé cette part de moi que j’essayais depuis des années de cacher, d’enfouir tant les autres me rappelaient que c’était un problème. Assumer qu’on est différent, qu’on fait différemment ça change absolument tout! Cela fait un an aujourd’hui jour pour jour, que j’ai découvert la multipotentialité. Cela a transformé ma vie. Je ferai un article en profondeur sur le sujet.

 

Et toi, quel est ce trait de ta personnalité que tu n’oses pas révéler, par peur des reproches?

 

 

Annexes:

Le portrait de Eicchornia crassipes est tiré du livre « Atlas de botanique poétique » de Francis Hallé.

Je remercie mon alchimiste, pour ses mots toujours justes et bienveillants. Gratitude, et encore Gratitude! 

Je remercie la Jacinthe d’eau, de m’avoir inspiré cet article.